¡ No pasarán !, liberté, mon amour.
Cette œuvre de grand format, réalisée spécifiquement pour l’exposition, évoque avec force le franquisme, tel qu’il fut vécu, dans leur chair, par la famille de l’artiste, membres de la FAI (Federación Anarquista Ibérica) dont l’engagement politique traditionnel a fait des victimes : son arrière-grand-père et son grand-oncle, déjà, avait été prisonniers politiques.
Sandra Krasker raconte : « Ma grand-mère catalane et sa famille, anarchistes fortement engagés contre Franco, ont payé fort le prix de la liberté d’expression. Son plus jeune frère, à même pas 20 ans, peu conscient des dangers qu’il encourrait, a été fait prisonnier par Franco, puis envoyé à la légion étrangère. Sur place, ses jambes ont gelés et il a été ramené en Catalogne pour gangrène : opéré à 21 reprises pour stopper la nécrose des tissu, par morceau. Ma grand-mère, infirmière de fortune pendant la guerre, a pris elle-même la décision de couper haut pour tout stopper. Alors, que les médecins ne lui donnaient que 4 ans à vivre maximum… il a survécu plus de 40 ans sous morphine. »
« La dictature », dit-elle encore, « empêche la parole mais surtout laisse ses traces sur le corps, son empreinte pour des années dans la chair. J’ai choisi d’appelé ce travail “ ¡ No pasarán ! ” en mémoire des espagnols qui ont cru que les nationalistes de Franco ne passeraient pas. Franco “a coupé les jambes aux gens”, et leur dignité avec. »
Il reste de cette époque une mystérieuse plaque sur la constitution de la république, que l’arrière-grand-père avait prévu d’installer sur la place du village, longtemps cachée dans une cave de la maison familiale et que la mère de l’artiste expose aujourd’hui sur la terrasse !
Extrait du catalogue « Liberté mon amour » – Le prisonnier politique et son combat de Marie Deparis, critique d’art et commissaire d’exposition.