« Faut-il tuer l’idole ? » est une video qui a été présenté au salon DDessin 2017.
Dans une nouvelle expérience formelle, dans laquelle elle introduit le mouvement, au travers d’un dessin d’animation d’un peu plus d’une minute, Sandra Krasker réactive cette notion d’idéal identificateur, qu’elle a choisi d’incarner en « son » idole de jeunesse, la Gilda de Charles Vidor (1946), la Rita Hayworth éternelle dans sa splendeur, la quintessence de la femme fatale. Car même fabriquée de toutes pièces par Hollywood, tranformée presque de force en objet sexuel, fantasme pour soldat américain, « bombe atomique » avant l’heure, Gilda/ Rita reste pour toutes les femmes du monde l’image d’une sensualité indomptable et pour l’artiste « une idole transgénérationnelle de mère en fille, construisant un mythe de la féminité ».
Alors faut-il tuer l’idole ? Une nuit, hélas, suffit. « Les hommes s’endorment avec Gilda et se réveillent avec moi. »
Sandra Krasker sait bien qu’il s’agit là d’une fable produite en studio, d’une forme de cinéma, voire même d’une forme de féminité, qui n’existe plus. Y a-t-il seulement chez elle une certaine idée de la nostalgie, d’un monde moins âpre et surtout moins volatile, dans lequel on ne tue pas trop vite ce que l’on a adoré ? Il y a surtout en elle, et c’est là sa force, une authentique lucidité, se manifestant dans la volonté de déconstruire, comme on démonte un mécanisme pour en inspecter les pièces, les mythes qui nous conditionnent et occultent notre liberté et notre lucidité.
Texte de Marie Deparis, commissaire d’exposition et critique d’art.
Durée de la vidéo 1 minute 05, technique mixte avec le dessin comme technique principale, montage sur photohop et première pro.
Texte sur le dessin « Ne me regardez pas » : Venus Vesper